"Ce qu'il y a de meilleur chez le tirailleur, c'est sa femme", écrivait un officier français au début du siècle passé. A partir de quelques lignes des carnets de guerre de Roger Martin du Gard, voici l'histoire d'Ouley, qui revêt l'uniforme des tirailleurs sénégalais pour suivre son mari sur les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale...
Vertiges racontait l'histoire d’un déserteur qui avait vécu dix ans travesti en femme, son épouse et lui (ou elle) se faisant passer pour un couple de lesbiennes. Les guerres déplacent la frontière des genres : au même moment, des femmes travesties en homme pour fair la guerre sont raccompagnées de force à l’arrière, comme Marie Marvingt. Les femmes des tirailleurs sénégalais ne se contentaient pas de faire la cuisine et de s’occuper des enfants, il leur arrivait d’accompagner leurs maris sur la ligne de front et les ravitaillaient en munitions. Plusieurs sont tombées sur sur le champ de bataille et ont été citées à l'ordre de l'armée à titre posthume. Nulle exaltation patriotique chez Ouley, seulement soucieuse du bien-être de son mari : il ne mange que ce qu'elle lui prépare et ne fait pas confiance à la cuisine exotique des Blancs. N'est-elle pas une bonne épouse qui doit assurer à son mari la cuisine et le plaisir au lit ? Surtout elle a peur qu'une Blanche lui vole son mari... Ainsi Ouley jette sur la France, la guerre et le monde étrange des Blancs son regard faussement naïf et décalé.
Madame Tirailleur a fait l'objet d'une première lecture par Sarah Pepe à Reims le 29 novembre 2016 dans le cadre de "l'Eté en automne" de Didier Lelong. La version actuellement en chantier a été lue par Alima Togola pendant la nouvelle édition de cette manifestation le 27 novembre 2017.
Le texte de cette version intermédiaire a été édité aux Editions Awoudy (Lomé, Togo) dans la collection "Escale" : "Balade théâtrale 3".
L'écriture de
Madame Tirailleur se poursuit en collaboration avec la comédienne
Armelle Abibou.